© Sylvain Gripoix

Dan Tepfer est un artiste prolifique… Franco-américain, formé au piano classique, devenu peu à peu jazz virtuose et compositeur de talent ayant joué avec des artistes de renom tels que Martial Solal ou Lee Konitz, Dan passe du classique au jazz en un claquement de doigts tout en faisant de l’improvisation une de ses marques de fabrique, et revisite aussi bien Coltrane ou Brel que les Variations Goldberg de Bach…

Passionné de technologie, d’informatique et de physique - il a un diplôme en astrophysique - il sort en 2018 un album vidéo sur Youtube, Natural Machines, pour lequel il crée des programmes informatiques pour son Yamaha Disklavier, un piano automatique, qui permettent au piano de répondre en temps réel à ses improvisations - le piano joue tout seul, ça vaut vraiment le détour ! Il propose une expérience musicale fascinante, où non seulement le piano lui répond sous la forme d’un dialogue à quatre “mains”, mais il anime également ses concerts d’interprétations visuelles très graphiques projetées sur un écran et créées également grâce à ses programmes informatiques.

En 2020, Dan Tepfer crée le projet #bachupsidedown où il s’amuse encore un fois grâce à la programmation informatique à faire en sorte que le piano rejoue en miroir les fameuses Variations Goldberg grâce à des algorithmes qui inversent les hauteurs des notes. Enfin, il a créé la plateforme FarPlay qui a permis à de nombreux musiciens pendant la pandémie - mais qui le fait toujours aujourd’hui - de jouer ensemble, chacun depuis chez soi, avec un son extrêmement qualitatif comme si la musique se jouait ensemble dans la même salle.

Dans le cadre de son passage en Bretagne - il s’est produit samedi 26 avril à Scènes du Golfe, à La Lucarne à Arradon - Dan Tepfer a accepté de rencontrer Monark - Le Mag !


Monark - Le Mag
Bonjour Dan, et merci beaucoup de nous consacrer un peu de ton temps ! Chez Monark - Le Mag, nous souhaitons mettre en avant les artistes américains qui se produisent sur le territoire français et quand nous avons vu que tu te produisais à Arradon à côté de Vannes fin avril, nous avons tout de suite voulu te rencontrer. La multitude des projets sur lesquels tu travailles nous impressionne… comment fais-tu ? D’où te vient cette énergie, cette vitalité, cette envie de créer et innover toujours plus ?! Quel est ton secret ?

Dan Tepfer
[Rires] Merci beaucoup ! En fait, je n’ai jamais l’impression de me projeter en avant… j'ai rarement une idée de ce que je vais faire dans deux/trois ans, ou même dans un an. Mais ce qui m'arrive, c'est que je me prends d'une énorme passion pour une chose. Et ça, je ne le choisis pas. C'est quelque chose qui me vient et ensuite, je plonge dedans… ça devient une sorte d'obsession. Et je continue, je continue. Parfois, ça prend très longtemps. Par exemple, Natural Machines, c’est un projet qui a pris 6 ans à venir à maturité. Les Variations Goldberg aussi, c'est à peu près 8-9 ans. C'est une sorte de passion dont il me vient le désir de faire quelque chose. Et en général, au bout d'un certain moment, j'y ai passé tellement de temps et donné tellement d'énergie que je me dis : « il faudrait quand même que je sorte ça sous forme de projet musical, sous forme de projet que je puisse tourner, que je puisse sortir en tant que disque, etc. »

Je pense aussi qu'il y a un équilibre entre faire trop et faire trop peu. J'ai très conscience du fait que dans la vie d’un humain, on ne peut être très bon que dans une chose. Je ne sais pas s'il y a déjà eu quelqu'un qui a vraiment été très bon dans plus d’une chose. Et pour moi, cette chose, c'est clairement jouer du piano. C'est quelque chose que je fais depuis que je suis enfant, j'ai eu la chance de jouer avec quelques-uns des meilleurs musiciens. Et je considère que toutes les autres choses que je fais, par exemple programmer les ordinateurs ou jouer la musique de Bach, c'est tangentiel. Je n'ai pas besoin d'être le meilleur au monde dans ce sujet. C’est vraiment des choses qui m'amusent, qui me passionnent comme si j'étais un enfant. Et si j'ai un peu de chance, cette passion mariée au fait que je joue correctement du piano peut mener à un projet artistique qui tienne la route. Mais en fait, je ne sais jamais si quelque chose va tenir la route. Jusqu'ici, j'ai eu de la chance !

Monark - Le Mag
J'ai été épatée, lors de la préparation de cet entretien, quand je t’écoutais expliquer ton processus de création. Tu parles comme un scientifique avec des termes très savants, empreints d’une culture scientifique de haut niveau… mais dès que tu te mets à jouer, c'est le pianiste animé par la passion de la musique qui se trouve face à nous. Tu dis toi-même que la musique, c'est une subtile combinaison d'émotions d'un côté, et de règles et contraintes de l'autre… Est-ce que tu peux nous en dire plus sur ton processus créatif ? Est-ce que c'est la musique et ses émotions qui t'animent en premier et la technique ne vient qu'à leur service, ou bien c'est justement cette soif de technologie informatique qui est le point de départ et la musique te sert en quelque sorte de cobaye pour les tester ? Ou bien c'est un subtil mélange des deux ?

Dan Tepfer
C'est certainement un mélange des deux. C'est d'ailleurs pour ça que mon projet s'appelle Natural Machines. Pour moi, la meilleure musique, et le meilleur art en général, vit à l'encontre de ces deux forces. D'un côté des forces un peu mystérieuses, de l'émotion, de la spiritualité, de l'intuition aussi. Des choses très humaines qui viennent vraiment du monde naturel. D'où le Natural. Et de l'autre côté, des règles. Par exemple, les règles du contrepoint chez Bach ou des règles de mouvement harmonique chez Don Coltrane ou les règles du canon qui ont été utilisées par plein de compositeurs. Et par ailleurs aussi, les règles de la physique qui mènent à l'échelle des harmoniques qu'on peut avoir à partir d'une fréquence. En fait, il y a vraiment des règles comme il y a dans le monde. L'analogie est assez simple dans le sens où si je suis un enfant, j'ai d'un certain côté une liberté émotionnelle, je peux faire un peu ce que je veux… comme ça, sans trop y penser… mais en même temps, je suis contraint par les règles de la physique, la gravitation, etc. Toutes les règles qui nous limitent. C'est dans le fait d'être limité par les règles et de se battre contre ces règles que je pense que l'art vraiment devient ce qui peut être de meilleur.

Dans mon processus créatif, c'est toujours un mélange des deux. Parfois, ça peut partir d'une idée très intellectuelle. Par exemple, je me demande comment ce serait si, au lieu d'accord parfait, j'ajoutais une carte à chaque accord, qu'est-ce que ça fait niveau conduite de voix, qu'est-ce que ça fait niveau sonorité.. Mais ensuite, ça devient très émotionnel dans le sens où j'ai cette idée intellectuelle, comment est-ce que je peux rendre ça émouvant, beau, et en plus émouvant pour moi en tant que pianiste, parce que ça, c'est essentiel. C'est toujours les deux en même temps et pour moi, ces deux forces sont essentielles.

L'émotion toute seule, c'est vide, ça manque de force, c'est très mou. Et les règles toutes seules, ça manque d'humanité, c'est très froid. Les deux ensemble, comme dans un immeuble bien construit : il y a l'armature qui est en dessous, qui prend en compte les règles de la physique, et il peut y avoir des choses totalement farfelues par-dessus, qui rendent la chose amusante, belle. Intéressante à vivre.

Monark - Le Mag
Dans un monde où l'intelligence artificielle prend une importance de plus en plus grande, comment vois-tu la création musicale dans un avenir proche ? L'IA va-t-elle, à ton avis, impacter, influencer les créateurs ? Comment te positionnes-tu par rapport à ça ? Est-ce que ça te fait peur ou au contraire, est-ce quelque chose dont tu penses que les artistes et les créateurs pourront bénéficier d'une façon positive ?

Dan Tepfer
Je pense que personne ne sait vraiment, parce que c'est quelque chose d'une force assez inouïe qui pourrait bouleverser notre monde… mais qui pourrait aussi ne pas le bouleverser. Il y a évidemment des grands dangers mais pour moi, un des gros dangers, ce n'est pas tellement le danger classique souvent évoqué qui est de créer une intelligence artificielle beaucoup plus intelligente que ce qu'on a aujourd'hui, mais c'est surtout le fait que les jeunes ont beaucoup moins de motivation aujourd'hui à apprendre à écrire qu'avant. Parce qu'avant, on savait qu'il n'y avait que nous qui pouvions le faire. Même si on le faisait mal, il fallait quand même pouvoir le faire. Maintenant, non… il y a une autre solution… et dès qu'il y a une autre solution, les humains sautent dessus. Et surtout les enfants, parce qu'ils sont toujours en train de questionner ce qui est utile ou pas chez leurs parents. C'est le génie des enfants, d'ailleurs. Je me fais donc des soucis par rapport à l'éducation. En même temps, je crois que les humains sont constamment surprenants….

Par rapport à l'utilité chez les artistes, il est évident que ça peut être difficile, mais en fait, ça m'amène à une seconde observation c'est que pour moi, ce qui donne vraiment de la valeur aux choses, c'est l'effort, surtout dans l'art. Il y a des gens qui arrivent à écrire avec une grande facilité, ils peuvent produire des mots toute la journée… mais en fait produire, ce n'est pas vraiment ça, la difficulté. Moi, par exemple, quand je compose, c'est toujours difficile comme travail pour moi, mais je serais capable, si je me force, de juste écrire de la musique à longueur de journée. Comme ça, sans du tout questionner ce que j'écris. Mais en fait, je pense que la vraie valeur de ce que j'écris, c'est qu'en fait, je questionne constamment. Et que ce qui ressort au final, est le résultat d'un grand questionnement, d'un grand effort. Et l'IA, c'est un peu le travail sans l'effort.

Donc il faut toujours, enfin pour l'instant, un humain qui demande à cette force hallucinante de faire des choses et qui ensuite décide avec effort, si c'est bien ou pas, si cela contribue à son projet, etc… Je pense qu'en art, sans doute, ce sera un outil parmi d'autres, mais qui aura toujours besoin d'un humain qui décide. Et il faudrait que cela reste comme ça… De toute façon, comme on dit en anglais, the cat is out of the bag… affaire à suivre !

Monark - Le Mag
Parce que notre thématique fondamentale chez Monark - Le Mag sera de construire des ponts entre la France et les États-Unis, j'aimerais aborder avec toi la question de ta double culture et double nationalité. Tu es né à Paris de parents américains, mais tu vis maintenant à New York. Est-ce que tu te sens plutôt français à New York ou plutôt américain en Europe ? Questions subsidiaires : quelle est ta langue de travail ? Par exemple, en quelle langue réfléchis-tu? En "quelle langue" composes-tu?

Dan Tepfer
Je me sens exactement comme je suis, c'est-à-dire que je suis franco-américain, j'ai la culture américaine qui vient de mes deux parents, de ma famille, mais aussi du fait que je vis aux Etats-Unis depuis maintenant 20 ans. Et en même temps, j'ai vraiment été formé par la France d'une manière forte parce que mes parents ne m'ont pas mis dans une école américaine ou même internationale. J'ai vraiment suivi le cursus standard français de l'âge 3 ans à 18 ans. Et donc ça, ça me forme. Je suis la personne qui a été formée par ces deux influences assez différentes en même temps. Je suis vraiment au milieu. D'une certaine manière, je me sens plus américain, d'une autre je me sens plus français, mais jamais à 100% l'un ou l'autre. Je suis toujours un amalgame.

Monark - Le Mag
Et est-ce que tu penses que cette double culture a inspiré ta manière de faire de la musique ?

Dan Tepfer
Oui, c'est certain. En fait, ça correspond aussi à ta deuxième question, est-ce que je réfléchis en français ou en anglais. Alors, là c'est un point assez intéressant pour moi parce que je me souviens que quand j'étudiais la philosophie, on disait toujours qu'on ne peut pas réfléchir sans langage, que la pensée passe forcément par la langue… mais dans mon expérience, ce n'est vraiment pas le  cas. Pour moi, la pensée opère dans mon cerveau avec des sortes d'images assez abstraites ou même de concepts vraiment abstraits, des sortes de choses qui s'enchevêtrent les unes dans les autres mais qui ne passent pas forcément par le langage… et je dirais même que le langage est une sorte de conclusion à cette pensée.

Je lisais un article au sujet du bilinguisme chez les enfants et il s'avère que les études montrent que les enfants bilingues de naissance, donc vraiment exposés à deux langues ou même plus à partir d'un très jeune âge, ont un rapport à l'abstraction différent des enfants qui grandissent avec une seule langue. Pour moi, cela opère en effet dans une sorte de milieu quasiment sans langage, en tout cas je ne suis pas conscient de la langue dans laquelle ça opère. Donc oui ça agit sur mon travail parce qu'en fait, je suis moins intéressé par la langue dans laquelle est exprimée une idée musicale que l'idée musicale elle-même.

D'ailleurs ce qui me fascine, c'est par exemple de prendre des concepts fondamentaux utilisés chez Bach, par exemple le concept du canon, et de l'utiliser dans un style, donc un langage, qui n'a rien à voir avec Bach, mais où les idées sous-jacentes sont très similaires. C'est d'ailleurs un peu le sujet de mon disque Goldberg Variations où je joue la musique de Bach comme il l'a écrite et ensuite, je reprends ces idées mais je les utilise dans mon langage, de ma manière, pour rentrer en dialogue avec lui. Donc c'est vraiment les idées qui me fascinent et pour moi, elles précèdent de loin le langage.

Monark - Le Mag
Artistiquement, y a-t-il des choses que tu trouves en France que tu ne trouves pas aux États-Unis et inversement ?

Dan Tepfer
C'est une question intéressante parce que je trouve que ça change beaucoup. Quand je suis arrivé aux US en 2003, ce qui m'a frappé c'est qu'en France, les musiciens mettaient beaucoup l'accent sur le concept d'un projet, et moins sur son exécution. Et les musiciens américains mettaient beaucoup moins l'accent sur le concept et beaucoup plus sur l'exécution. C'est-à-dire que pour un musicien new-yorkais de jazz, savoir vraiment trouver le son juste, jouer une ligne excellente, virtuose, maitriser une chaîne d'accords, c'était vraiment primordial. Et ensuite, avoir un set, une représentation un peu parfumée, un peu différente des autres, était moins mis en avant. En France, c'était le contraire. D'ailleurs, il y avait vraiment une culture, quand je grandissais dans les années 90, une sorte d'acceptation de musiciens qui ne jouaient pas forcément très très bien. Je ne parle pas pour tous, évidemment, mais ça existait. Mais par contre, il y avait des concepts qui étaient politiquement intéressants.

Je trouve que cela a énormément changé en France avec l'avènement d'Internet. J'ai été artiste invité au CNSM et j'ai observé que les jeunes sont très conscients du niveau international. Quand quelqu'un joue, par exemple sur Instagram, avec virtuosité, avec précision, d'une manière impressionnante, ça parle forcément à tout le monde. On ne peut plus se réfugier dans ce truc très français, on fume sa clope, on est un peu négatif, on critique tout, on dit "non mais moi, je fais les choses différemment, j'ai mon concept, etc…" même s' il est un peu assez mal fait. Je pense qu'il y a un positivisme chez les jeunes français, un désir de sortir de ce regard négatif. Je sens un aspect beaucoup plus solaire dans cette jeune génération, beaucoup plus positive, et qui se reflète dans la musique. D'ailleurs, je trouve qu'il y a beaucoup de jeunes musiciens français très impressionnants, très forts au niveau de l'exécution. En général, je pense qu'on va de plus en plus vers une monoculture mondiale, ça devient universel, on voit moins de différence.

Je pense par contre qu'il y a une grande différence par rapport au public entre les deux pays. Et ça, ça n'a pas tellement changé. Quand je joue en France, le public attend de moi une expérience transcendante. C'est-à-dire que l'art, la musique, tout le monde comprend que ça peut mener à une expérience magique, qui change notre existence. On sent cette passion chez les Français et dans d'autres pays européens également. Je l'ai beaucoup ressenti en Russie, où j'ai eu la chance de tourner avant la guerre, en 2019.

Alors que chez les Américains, pas chez tous mais en règle générale, la relation à la culture est très différente. On est là pour être entertained, mais ça ne va pas nous transformer. D'ailleurs, ma blague c'est que quand un concert se finit aux US, le public se lève… on pourrait penser que c'est pour donner une standing ovation mais en fait ce n'est pas vraiment parce qu'ils ont adoré… c'est parce qu'ils sont pressés de retourner à leur voiture ! Évidemment, ce sont d'énormes généralisations, il y a beaucoup d'Américains qui sont passionnés par la culture bien entendu, mais ce n'est pas du tout la norme. Mais beaucoup grandissent dans une sorte de vide culturel assez choquant où la culture c'est Hollywood, des moments avec très peu de subtilité, à la télé…

Monark - Le Mag
Quelles sont les figures de la musique qui t'ont influencé plus que d'autres ? Quels sont les artistes que tu affectionnes particulièrement ?

Dan Tepfer
Il y a tout d'abord Martial Sordal. Martial était fascinant parce qu'il était en forme totale jusqu'à sa mort récente, vraiment une personne extraordinaire. Il était fascinant parce qu'il avait toujours des idées totalement différentes des autres, il jouait à sa manière, originale, et en même temps, il travaillait énormément le piano, un grand bosseur. Son ouverture d'esprit, son désir de faire les choses à sa sauce, tout cela m'a beaucoup influencé. Il a toujours été encourageant à mon égard, il m'a beaucoup marqué. Ça compte beaucoup, quand on est jeune… on a besoin d' encouragement, surtout de la part de nos idoles.

Dans la jeune génération, un des musiciens avec lesquels j'ai joué et qui est très impressionnant, c'est Emile Parisien, saxophoniste, compositeur au plus haut niveau. Un de mes meilleurs amis en France, c'est Thomas Enhco, bien connu en France. On a fait pas mal de concerts à deux pianos. Thomas, comme moi, opère dans les deux mondes que sont le classique et le jazz.

Il y a aussi une amie de longue date, Anne Paceo, batteur, compositeur. Anne est extrêmement exigeante par rapport au niveau d'exécution. On joue ensemble depuis longtemps. J'adore le fait qu'elle ne s'enferme pas du tout dans le jazz, elle est totalement ouverte d'esprit par rapport au style, ouverte à la possibilité d'utiliser les outils du jazz pour faire de la musique qui ressemble plus à du rock ou de la pop. Pour moi cette ouverture d'esprit est vraiment positive, du moment qu'on ne le fait pas d'une manière cynique, juste pour vendre. Ce n'est pas du tout le cas pour Anne qui est vraiment une artiste incroyable.

Je trouve en général la scène jazz en France, sans même parler de la scène classique, très impressionnante !

Monark - Le Mag
Que penses-tu de la situation actuelle aux États-Unis ? Est-ce que la sphère artistique risque d'être impactée ?

Dan Tepfer
Ce qui se passe aux États-Unis est extrêmement choquant. J'étais un élève passionné de l'histoire de la Seconde Guerre mondiale. Quand j'étais au lycée, j'ai fait un documentaire sur la Résistance française et j'ai interviewé des résistants qui étaient encore en vie à cette époque-là… certains membres de la famille du côté de mon père sont morts dans l'Holocauste… donc c' est une histoire qui me touche beaucoup, qui pour moi est très présente. Je suis donc très choqué que les Américains aient pu élire quelqu'un qui s'annonce totalitaire. Qui isole les États-Unis économiquement, d'une manière très brutale, alors que l'enchevêtrement économique est de loin le plus fort moteur de paix… tout ça est vraiment plus qu'inquiétant. J'ai très honte de ce qui se passe et cela me désole. Evidemment, ça ne m'étonnerait pas que cela agisse sur ma capacité en tant qu'américain de tourner en Europe, de tourner dans le reste du monde, ce ne serait pas surprenant. J'espère que les gens comprendront par contre qu'il y a un énorme nombre d'américains, plus que la moitié d'ailleurs, absolument affolés par ce qui se passe… mais faire cette séparation peut être difficile à faire.

Monark - Le Mag
Tu vas donc te produire à Aradon, à côté de Vannes, samedi 26 avril, en solo, dans le cadre d'une carte blanche où tu vas offrir une nouvelle exploration de Bach et interpréter ses 15 inventions et improviser tes propres inventions. Peux-tu nous en dire un petit peu plus sur ce que le public va découvrir ce samedi à la Lucarne ?

Dan Tepfer
Le programme que je vais jouer, c'est Invention/Réinventions, la version live du disque que j'ai sorti en 2023 et qui a été numéro un sur les ventes de disques classiques aux US. C'est un projet où je joue les 15 inventions de Bach composées il y a plus de 300 ans. Et puisqu'il n'en a écrite que 15 et qu'il y a 24 tonalités majeures et mineures possibles, j'improvise des inventions à moi pour les neufs tonalités manquantes. Elles sont toujours improvisées dans l'instant, toujours différentes… et c'est vraiment pour moi une aventure à chaque fois ! Et c'est cette aventure là que je vais proposer.

Monark - Le Mag
On a hâte ! Un grand merci Dan !

Dan Tepfer
Merci beaucoup, j'ai hâte aussi ! À bientôt !


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